Plus de censure pour "Le Deuxième Sexe"
Le 27/11/2009
Tout commence au début des années 1950 avec la publication du livre "Le Deuxième Sexe" de Simone de Beauvoir. C’est un succès immédiat. L’éditrice américaine Blanche Knopf se précipite à Paris chez Gallimard pour acheter les droits de ce qu’elle imagine être un manuel sexuel des temps modernes. Elle en confie la traduction à Howard Madison Parshley, un professeur de zoologie à la retraite ayant étudié le français, mais également auteur de livres sur la reproduction chez les humains et critique de littérature abordant la sexualité.
Il a la lourde tâche de traduit quelques 1000 pages en un an... et 1000 pages de Simone de Beauvoir ! Syntaxe complexe, références littéraires et historiques pointues, ponctuation saugrenue... Parshley sabre dans le texte, supprime les passages qui ne lui paraissent pas clairs, et ignore totalement les références philosophiques auxquelles il n’entend rien, allant même jusqu’à faire des contre sens. Malgré cela "Le Deuxième Sexe" fait un tabac outre-Atlantique, devenant une bible pour les féministes américaines. Mais se sont ces mêmes féministes qui commencent à crier au scandale dans les années 1980. Simone de Beauvoir elle-même savait qu’il y avait eu des coupures dans son texte, mais elle ignorait tout des erreurs de traductions. Quelques années avant sa mort, elle écrira d’ailleurs une lettre à Parshley lui demandant de refaire la traduction, requête qui restera ignorée.
C’est lors d’une conférence à l’occasion du 50e anniversaire de la parution du livre que deux américaines installées à Paris ont vent du problème. Elles proposent immédiatement leurs services de traductrices à Gallimard qui est séduit par le projet. Au début réticente, la maison américaine Knopf finit par s’allier aux Britanniques de Cape pour partager les frais de traduction. Une affaire qui se conclue à la fin de l’année 2005.
Soixante ans après la publication du livre, la traduction de ce chef-d’œuvre du XXe siècle est disponible depuis le 26 novembre 2009 dans sa version intégrale chez les Britanniques. Les Américains devront eux patienter jusqu’en avril 2010.
Commentaires (2)
enfin une vraie traduction c’est une bonne nouvelle pour nos amis anglo-saxons
Quel drôle d’idée de vouloir faire des coupures dans ce texte d’une lucidité telle. Je n’arrive même pas à comprendre ce qui mérite la censure.