Plus c’est fort, plus c’est louche...
Le 17/10/2024
Il y a quelques années, une étude était publiée dans les "Archives of Sexual Behavior" (archives du comportement sexuel), sur le comportement des femmes hétéros qui encourageraient les hommes pendant l’acte sexuel en émettant des sons de satisfaction. Selon cette étude, il semble que la réalité soit un peu plus complexe. Ces performances vocales extatiques de femmes seraient l’équivalant des compliments que les hommes peuvent faire aux femmes sur leur beauté ou leurs charmes : le "oui, oui, oui, tu es belle", des hommes devient le "oui, oui, oui, tu es fort" dans la bouche des femmes.
Et pourquoi donc ?
L’enquête avait été menée par deux Américain.e.s, Gayle Brewer et Colin Hendrie, auprès de 71 femmes, âgées de 18 à 48 ans, portait justement sur le pouquoi et le comment de ces vocalises, de ces expressions d’extase, avec ou sans orgasme.
Brewer et Hendrie parlent de « la manipulation féminine sur le comportement masculin », dans le sens où plus les cris sont forts, plus ils indiqueraient une envie pressante de mettre fin à un rapport insatisfaisant (ou alors parce que les femmes seraient pressées d’aller faire autre chose, mais si les priorités sont autres, c’est que la satisfaction est faible, ce qui reviendrait un peu au même...). Ces cris tactiques encouragent les hommes à jouir plus rapidement, car pour « Pour les femmes, il est important que l’homme se sente en sécurité, et les réactions bruyantes renforcent sa confiance en lui », expliquait Mme Brewer.
En revanche, lorsqu’elles sont très excitées et que l’orgasme est réel, il est nettement moins bruyant, voir même silencieux.
Un tel phénomène n’est pas étranger à Charlene Muehlenhard, professeur de psychologie à l’université du Kansas, aux Etats-Unis. Dans l’étude « False orgasms of men and women » (faux orgasmes d’hommes et de femmes), publiée dans la revue « Journal of Sex Research » (journal de recherche sexuelle), elle affirme que les hommes et les femmes suivent les rôles d’un scénario largement stéréotypé pendant l’acte sexuel : « L’homme doit conduire la femme à l’orgasme, car cela montre la qualité de son travail ». Comme l’éjaculation de la femme est rare (peu sont femmes fontaines), les hommes se fient à d’autres signes pour savoir s’ils ont pu faire jouir leurs partenaires, et elles le savent.
Bref, nous avons beau être sur terre depuis plus de 300.000 ans et avoir l’aide de Freud et d’armées de sexologues depuis une centaine d’années, nous en sommes encore à nous mentir les uns les autres, incapables de communiquer sur nos désirs les plus vitaux...
Mais un point manque peut-être dans cette étude : les cris n’aident-ils pas aussi la femme à jouir ? A rester concentrée sur son plaisir, à augmenter sa propre jouissance, alors que son cerveau a souvent tendance à se laisser distraire par un multi-tasking sans fin ? Et quid des vocalises dans le rapport homosexuel ? Le faire semblant est-il le même ?
Chaque femme a la réponse en elle.
© Illustration : photo tirée du film "Quand Harry rencontre Sally", de Rob Reiner, sorti en 1989, avec Meg Ryan et Billy Crystal.