Longévité & sexualité

Le 07/09/2024

Puisque les rapports sexuels baissent en fréquence partout dans le monde, avec de nombreuses conséquences, il faut trouver des arguments et rappeler les bienfaits du sexe. C’est peut-être pour cela qu’aux États-Unis, une enquête nationale sur la santé et la nutrition (NHANES) révèle que les rapports sexuels auraient une importance sur la longévité, en particulier chez les femmes. Celles qui ont moins de rapports seraient plus à risque que les autres.

Près de 15.000 adultes se sont prêtés à une étude menée par le Dr. Srikanta Banerjee, de l’Université de Walden, faisant part de leur activité sexuelle sur les douze derniers mois.
Les 38% de femmes qui révélaient avoir des rapports au moins une fois par semaine seraient trois fois moins susceptibles de mourir que les autres, quelle que soit la cause de mortalité. L’étude, menée pendant 5 ans, précise que les résultats prennent en compte les facteurs d’éducation, d’appartenance ethnique et le statut socio-économique des participants.
Comme une démonstration sans appel sur ces bienfaits, l’étude s’attarde sur la fréquence de l’activité sexuelle chez les personnes souffrant de dépression, et en particulier les femmes. Les dépressifs ayant des rapports sexuels moins de 52 fois par an ont un risque de décès supérieur de 197 % à celui de personnes non dépressives (celles et ceux des rapports une fois par semaine ou plus ne sont pas sauvés pour autant, le pourcentage tombe cependant à 75 %).
On sait depuis longtemps que le sexe est bon pour la santé cardiovasculaire, qu’il réduit le stress et améliore le bien-être général, par la libération d’hormones de bien-être (en particulier l’ocytocyne et la dopamine). Le sexe réduit aussi l’anxiété comme les troubles dépressifs, et celles et ceux sans partenaires peuvent toujours se réjouir des effets de la masturbation, elle est également bonne pour la santé, bien que libérant moins d’hormones.
Le chantier de cette étude reste vaste et va se prolonger ; les chercheurs souhaitent étudier l’influence des différents types d’activités sexuelles sur les résultats de santé à long terme et ils suggèrent d’intégrer des mesures de la satisfaction sexuelle dans les études futures afin de mieux comprendre ces liens complexes.

Le plus difficile pour les personnes souhaitant échapper à une mort précoce reste de savoir comment y remédier. Peut-on forcer un partenaire à avoir un rapport au nom de notre santé ? Peut-on avoir du désir en claquant des doigts ? Se libère-t-on si facilement du temps de cerveau préempté par nos outils technologiques (télévision, téléphone, ordinateurs...) et ces réseaux sociaux über pudibonds ? Les actuels mouvements du monde complexifient la tâche : le post-#metoo laisse les unes et les autres perplexes sur les modes opératoires de rencontres et la façon de construire un nouveau type de relations et le XXIe siècle semble avancer sur un seul credo : creuser les discordes, magnifier toute médiatique opposition (quel que soit le sujet), empêchant de tomber dans les bras l’un de l’autre dans un élan compassionnel plein d’amour.
Faut-il pour autant se résoudre à accepter cette baisse de fréquence des rapports sexuels et ses effets délétères ? Faut-il se tourner vers la masturbation comme d’autres vers le sport ? Se précipiter vers les robots sexuels ?
A chacun.e de voir, mais le monde n’avance pas en baissant les bras...

© Illustration : "La grande névrose", Jacques Loysel, XIXe siècle.