Des orgasmes en ligne
Le 09/05/2014
Jean-Claude Piquard, sexologue clinicien, auteur de "La fabuleuse histoire du clitoris" et Marie-Noëlle Lanuit, sexothérapeute lancent ensemble une enquête en ligne, pour étudier les orgasmes féminins à grande échelle.
Les femmes volontaires peuvent répondre à un questionnaire en ligne.
L’analyse des résultats (printemps 2015) permettra de mieux comprendre les différents processus physiologiques de l’orgasme et/ou des grands plaisirs sexuels et peut-être aussi de les différencier.
Pour pouvoir mesurer les différents types d’orgasmes, obtenus via des pratiques masturbatoires ou ou partagées, un cardio-fréquencesmètre est essentiel, mais comme il n’est pas fourni par les enquêteurs, il faudra soit être assez sportive et en posséder déjà un, soit en acheter un (à partir de 20€), ou encore télécharger une application pour smartphone (gratuite).
Il existe à l’heure actuelle presque autant de théories autour du ou des orgasmes féminins, que de femmes qui s’inquiètent de ne pas avoir le "bon orgasme". Si ces études internationale permet de recueillir plusieurs milliers de témoignages ainsi que des mesures précises, peut-être qu’enfin la sexualité féminine passera de "continent noir", à "kaléidoscope lumineux" ?
Explication des chercheurs sur leur enquête :
"La définition actuelle de l’orgasme est : "point culminant de plaisir" , une définition qui fait référence au seul ressenti subjectif. Il semble que tous les plaisirs sexuels n’aboutissent pas à un orgasme, comme par exemple le plaisir vaginal. Cette étude permettra d’avancer dans la compréhension des différents processus des plaisirs sexuels. Certains plaisirs sont sous contrôle parasympathique (système neurovégétatif ralentisseur) comme pour l’homme, avant l’éjaculation, qu’en est-il pour la femme ?
Une meilleure connaissance du processus de l’orgasme sera un apport pour la science. Cela permettra d’identifier d’autres plaisirs sexuels, différents de l’orgasme et tout aussi importants. Ce nouvel éclairage aura de nombreuses implications dans les thérapies sexuelles.
Récemment, l’imagerie cérébrale permet d’identifier des zones impliquées dans le plaisir sexuel. Mais, en l’absence de définition cohérente de l’orgasme, il est difficile de savoir si ces études scannent le bref orgasme ou d’autres plaisirs sexuels.
Nous faisons l’hypothèse que le brutal doublement de la fréquence cardiaque est le signe clinique le plus constant et le plus facile à objectiver.
Une première collecte informelle d’une vingtaine de résultats corrobore le brusque et court doublement de la fréquence cardiaque, tant, lors de l’orgasme-éjaculation de l’homme que lors de l’orgasme d’origine clitoridienne pour la femme. Nous avons un enregistrement d’un holter cardiaque permettant de voir cette brève accélération cardiaque. Etrangement, le cardiologue l’a identifié comme un bug, il est même resté sceptique aux dires de la patiente, ce qui montre à quel point les travaux de Masters et Johnson sont largement méconnus actuellement.
Afin de confirmer ces résultats, nous souhaitons étendre les mesures à toutes les pratiques sexuelles et toutes les zones érogènes susceptibles de déclencher un orgasme.
La consultation de la littérature ne nous éclaire pas vraiment. Hippocrate comparait l’orgasme à une crise d’épilepsie. Puis, à partir de 1550, après que Colombo ait décrit l’anatomie du clitoris et l’ait désigné comme l’organe du plaisir féminin, le terme le plus employé est : "spasme vénérien" , pour l’homme comme pour la femme. Ces expressions évoquent un événement court avec des spasmes.
Le mot orgasme est apparu dans la langue française au début du 19ème siècle, il a surtout été vulgarisé par Freud lorsqu’il a inventé le terme orgasme vaginal (1905).
A partir de 1950, Masters et Johnson étudient les réactions sexuelles humaines. Ils observent dans leur laboratoire 694 couples et près de 10 000 orgasmes. Ils sont les premiers à décrire le processus de l’orgasme masculin et féminin, avec des spasmes pelviens qui peuvent s’étendre à tout le corps. Ces spasmes sont la résultante d’un orage orthosympathique (système neurovégétatif accélérateur) avec les signes physiologiques associés :
La fréquence respiratoire augmente, passe de 14 respirations par minute au repos à un maximum de 40.
La tension artérielle, autour de 130 mmHg au repos, augmente brutalement au-dessus de 200.
La fréquence cardiaque, autour de 65 battements par minute au repos, passe brutalement au-dessus de 110, pouvant atteindre, chez certains sujets, des pics à 180.
La peau présente des rougeurs sur le torse, le visage …
Les pupilles se dilatent.
Pour participer à cette enquête en ligne, cliquez : ici ou là.