Des femmes qui ont envie d’avoir envie

Le 07/12/2009

Le New York Times nous apprend qu’en 2012 ou 2013 devrait sortir la cinquième version du "Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders" (D.S.M.), un manuel publié par l’APA (association américaine de psychiatrie). Véritable Bible des troubles psychiatriques, le manuel traite aussi bien de l’insomnie que de l’autisme. Pour cette nouvelle édition, la psychologue et chercheuse à l’université de Vancouver (Canada) Lori Brotto a été chargée de définir les critères du trouble du désir féminin.

Des études suggèrent que près de 30% des femmes, jeunes ou d’âges moyens, passent par des périodes prolongées au cours desquelles elles ressentent peu de désir, voire pas de désir du tout.
Plus que tout autre trouble sexuel, comme l’absence d’orgasme ou la douleur au cours des rapports, l’absence de désir tourmente les femmes au point de les pousser à prendre des traitements médicaux.

Mais pour Lori Brotto, il ne s’agit pas de quelque chose de physique. Après avoir étudié la réaction de ses patientes pendant la projection de vidéos pornographiques, elle s’est rendu compte que la plupart du temps, le flux sanguin arrivait correctement jusqu’au vagin. Brotto s’est donc intéressée à l’esprit, plus précisément à la relation de l’esprit au corps, et a abandonné la thèse d’une cause purement physique.

Derrière la résignation, pointe pour certaines la frustration de cette disparition de libido. La psychologue explique que seulement 7 à 15% de ces femmes sont bouleversées face à une absence de désir. Elle indique également que ces troubles peuvent apparaitre à n’importe quel moment de leur vie sexuelle. L’hétérogénéité des femmes souffrant de troubles sexuels rend toutefois des statistiques plus précises difficiles à établir.

Pour le D.S.M., le trouble du désir sexuel se définit ainsi : "Déficience continuelle ou périodique (ou absence) pour les fantasmes sexuels et du désir pour l’activité sexuelle". Voilà tout. Des critères simplistes et quelque peu masculins. Difficile d’apporter une solution "miracle" a un problème aussi vaste... et vague. L’une des méthodes utilisées par Lori Brotto est une sorte de refrain cognitif, autrement dit la méthode Coué. Une méthode qu’elle expérimente elle-même, se répétant qu’elle est une femme sexuée, capable d’un niveau élevé de désir, un niveau élevé de réponse. La clé étant pour elle de prendre dans le même temps conscience de son corps. Les sensations et l’image de soi deviennent alors liées.
Elle confie donc à ses patientes des "devoirs" à faire en rentrant chez elles, comme se répéter inlassablement "Mon corps est vivant et sexuel". Au cours des sessions, elle leur apprend également à placer un raisin dans leur bouche, à réaliser où se place la langue, à prendre conscience de la salive s’accumulant dans la bouche, la trajectoire du goût lorsqu’il se fend, la saveur de la salive, et la manière dont la saveur change grâce à la chimie du corps. Le but étant de retrouver les sensations physiques et de redonner une dimension érotique. Car bien souvent l’esprit se détache totalement du corps et ne ressent plus l’excitation physique. Une autre théorie avancée est celle que le désir ne précède pas forcément l’excitation, il peut à l’inverse des idées reçues, le suivre.
Mais pour Brotto, n’importe quelle méthode qui encourage les gens à penser au sexe permet, en principe, de donner envie de faire l’amour.

La routine, ennemie du désir

Il existe de nombreuses situations au cours desquelles les femmes ressentent un intense désir sexuel : au début d’une histoire, ou à une certaine période du cycle menstruel, bien que ces pics de désir ne suivent pas toujours le même rythme. Véhiculée par le cinéma ou les médias en général, l’idée qu’une femme exprimerait la naissance de son désir sexuel en prenant des poses lascives et un regard de braise est la réalité de très peu de femmes. Au contraire, pour la plupart, le début d’une histoire est marqué non pas par un débordement de chaleur, mais par une certaine neutralité. Et il n’y a pas de mal à cela.
Il serait peut-être temps d’apprendre à écouter son corps, de prendre conscience de ses propres désirs.
Par ailleurs les recherches de Lori Brotto et de Rosemary Besson ont démontré qu’il n’existait aucune corrélation entre un faible niveau de testostérone et un faible désir sexuel. Mais il existe un paradoxe intéressant. Une expérience a été faite en administrant l’hormone à certaines et un placebo à d’autres. Les résultats ont été quasiment les mêmes pour les deux groupes. Encore plus surprenant, les femmes ayant ingéré le placebo ont subi les effets secondaires de la testostérone : acné, apparition de poils sur le visage...
Démonstration sans équivoque de la force de l’esprit.

Les racines du désir se logeant dans le si complexe cerveau humain, il faudra attendre encore pour comprendre pleinement le désir féminin. Lori Brotto juge même qu’il faudra une vingtaine d’années pour que la science réussisse à établir des normes solides.

Commentaires (5)

  • Sidonie

    ça laisse songeuse... vous croyez que ce genre d’études finira par modifier notre sexualité (pour ne pas dire améliorer) ?

  • Leslie

    C’est incroyable comme cette méthode Coué s’applique à tout. Difficile de se dire qu’on va se regarder tous les jours dans la glace de se convaincre d’une envie folle de faire l’amour, et en même temps c’est vrai que plus on y pense plus on en a envie.

  • Corinne

    C’est exactement vrai.En realite tout depend de ce que vous avait dans votre lit.On nous accable sans arret de tous les maux de la terre.Moi je connais une expression qui dit ’’IL N’Y A PAS DE FEMME FRIGIDE,IL N’Y A QUE DES MAUVAISE LANGUES’’.

  • les gongs

    libido a zero, avec une femme comme un homme.si je repense a tous mes sexe-stories (sans nombre...)
    mes envies ont toujours précédé celles de l’autre, voire actives que non désirée ou en doutant.beaucoup de’aide de " paradis artificiels" pour acter.très attirée par les P.D.,jamais par des " gounes de chocs" ou des " males ".toujours maltraitant mon corps, doutant des raisons d’être aimée,peu d’orgasme ( ou extrèmes avec ejaculations inouies)et longtemps le sexe etant la confirmation d’etre aimée
    je voudrais en savoir plus sur cette etude /
    merci d’avance

  • La rédaction

    Merci pour vos réactions. Nous faisons en sorte de vous en dire plus sur cette étude. A très vite !