Atget insoupçonné
Le 18/11/2009
Le 20 novembre la maison de vente Sotheby’s mettra aux enchères une importante collection de 208 photographies, parmi lesquelles des images signées Kertész, Cahun, Penn ou Newton. Et puis, objet du scandale, 4 - sur 14 - photos d’Eugène Atget (1857-1927), qui ont de quoi décontenancer les spectateurs habituels du photographe sage des rues de Paris.
La plus ancienne date de 1921.
Elle montre une prostituée tout sourire devant une maison close de Versailles.
Les trois autres photographies ont été prises au début des années 1920, dans l’intimité du bordel. Il y a une femme nue, à quatre pattes sur un lit, qui expose son blanc postérieur. Et elle nous regarde (en haut). Il y a aussi cette femme vue de dos, assise sur un homme. Empalée pourrait-on dire. Mais Atget n’a pas assisté à la scène, il a photographié une photo prise par un autre.
Enfin il y a cet homme allongé sur le dos sur un lit, nu hormis les chaussettes. L’image est d’autant plus étrange qu’une partie des yeux, du nez, de la bouche a été grattée afin que l’homme ne puisse être identifié. C’est aussi une image historique : on ne l’avait jamais vue.
Prostituées et maisons closes ont été le sujet d’Atget en 1921 et 1925, peut-être à la demande du peintre André Dignimont, collectionneur d’érotisme. S’il n’a réalisé qu’une quinzaine de photos autour du sexe, elle sont parmi ses plus célèbres.
Le nu féminin, genre majeur de la photo de l’entre-deux-guerres, est traité par Atget comme le reste, représentant les filles de joie comme d’autres artisans qui animent le trottoir, construisent le Paris populaire.
Dernier mystère : Sotheby’s ne dit pas qui est le vendeur.
Ces images sont visibles avant la vente de 10h à 18 h.
Galerie Charpentier, 76 rue du Faubourg Saint Honore.
Paris 75008