Un amour de prison ?

Le 04/06/2009

En août 2008, deux hommes se sont pacsés. La cérémonie a évité les dorures et le champagne ; les amoureux vivent en prison. Le problème, c’est que la vie commune derrière les barreaux est pour le moins dénigrée. Pour une raison pratique, d’abord, puisque la prison de Caen a très peu de cellules pour deux. Ils ont donc multiplié les recours pour l’obtenir. Depuis, ils font figure d’exception dans le monde carcéral, peu renommé pour être un lieu d’amour. « C’est la première fois que je vois un couple pacsé vivre en prison », s’étonne un gardien. Très vite, la question des rapports sexuels se pose. En effet, ils sont strictement interdits et constituent même une faute, synonyme de passage au prétoire pour le détenu.

Petit paradoxe néanmoins, les préservatifs sont en accès libre. Les rapports sexuels sont le plus souvent vus sous l’angle de la sexualité subie, imposée. L’angle d’approche est donc nouveau, et l’administration pénitentiaire est assez embêtée. « Là, on est confronté à un problème qu’on ne connaissait pas », reconnaît un surveillant. Pour faire entrer le sexe dans les prisons, il faudrait une autorisation du ministère. Or, aucune note n’évoque le sujet. Cela interroge l’idée qu’on se fait du rôle de la prison. Elle est souvent une sorte de micro-société. Pourquoi lui interdire sa substance première, à savoir l’amour ?

Ailleurs, on semble plus avancé. En Espagne, par exemple, le droit à la sexualité pour les détenus est en cours d’étude. Le raisonnement est le suivant : toute sexualité positive pourrait atténuer les effets d’une sexualité négative (viols, violences...). Le retard est donc probant : alors que l’administration de la prison de Caen prend exceptionnellement en compte les couples homosexuels, les commentaires graveleux vont bon train. Cette prison est d’ailleurs surnommée « le centre de détention des culs cassés » avec une rare élégance...

Commentaires (1)

  • CGqbNplSibcvXzpRAvc

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