Pute mais pas dupe

Le 23/10/2009

Pour célébrer la déesse Durga, épouse de Shiva et divinité majeure du panthéon hindouiste, les prêtres de Calcutta en Inde se rendent dans les quartiers chauds pour ramasser la terre que piétinent les prostituées, après avoir demandé à ces dernières leur autorisation. Un égard unique, le reste du temps les travailleuses du sexe étant montrées du doigt et rejetées de la société. La poussière est ajoutée au idoles d’argiles représentant Durga car "c’est un ingrédient essentiel du mélange sacré, qui inclut également de la boue des rives du Gange, de la bouse et de l’urine de vache", explique un potier.

Mais cette année, les prostituées ont refusé de donner leur poussière ! "Nous avons peu à peu fini par comprendre qu’on se fiche de nous avec cette soi-disant coutume sacrée", déclare Sheela Bose, 55 ans, une ancienne prostituée qui tient maintenant un lupanar dans le quartier chaud. "Avant, je me sentais honorée lorsque les prêtres me demandaient un peu de la poussière qu’il y avait devant ma porte, poursuit-elle. Mais, au fil des ans, j’ai commencé à me demander ce que nous avions en échange. Ils ne peuvent pas faire de nous des déesses une fois par an et nous traiter de putains le reste du temps."

Ni les prêtres ni les potiers ne veulent s’opposer à ces courtisanes en colère. "Nous pourrions bien entendu prendre la poussière de force, mais cela irait à l’encontre du but recherché", explique un prêtre. Or satisfaire aux réclamations des prostituées, qui exigent une reconnaissance et un niveau de vie décent, ne semble pas non d’actualité.

En attendant, les commerçants du quartier commencent déjà à vendre des sachets de "poussière de quartier chaud"...