Voix, sexe et engagement
Le 09/07/2021
Une étude chinoise récemment publiée dans le Journal of Sex and Marital Therapy (Journal de la thérapie sexuelle et conjugale !) s’est penchée sur les voix masculines et ce qu’elles racontent de la relation amoureuse chez les hommes. Ceux qui restent dans les graves et dont la variation vers les aigus est faible - ce qui indique une voix dite "masculine" - communiquent peu dans leur(s) relation(s) sont moins susceptibles de s’attacher à leurs partenaires.
Voilà un moment que l’on relie la voix, le taux de testostérone et le comportement amoureux masculin et que l’on tente d’analyser à travers la voix
l’attrait physique d’une personne et son rapport à la fidélité. Jing Zhang et Lijun Zheng, auteurs de cette nouvelle étude, ont analysé les comportements amoureux masculins à travers la voix d’hétérosexuels Chinois.
Si la voix est grave, le taux de testostérone est élevé et les femmes souvent séduites (c’est perçu comme étant la marque d’un bon géniteur). Mais plus le taux de testostérone sera élevé, moins la personne s’attachera dans une relation, affichant même parfois un malaise dans trop d’intimité. Un taux de testostérone élevé entrainerait une diminution des émotions prosociales, comme la confiance et la compassion.
C’est sur cette base que Zhang et Zheng ont mené leur étude à travers un questionnaire sur l’attachement auprès de 218 étudiants (90 hommes et 128 femmes). Les questions portaient sur tous les aspects de l’attachement : de la désaffection à l’attachement anxieux (le besoin persistant d’être rassuré par son partenaire). Puis, les participants ont révélés leurs modes de communication lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes relationnels avant de répéter cinq expressions différentes devant un micro.
Les chercheurs ont ensuite analysé et mesuré leur fréquence fondamentale (F0), indicateur de gravité de la voix. Chez les hommes, une F0-SD faible, indiquant une voix dite plus masculine, était liée à un moindre attachement et une communication détachée.
Curieusement, chez les femmes, la voix ne serait pas indicative du style d’attachement et du mode de communication, mais Zhang et Zheng notent que les personnes ayant des traits féminins auraient tendance à être plus chaleureux et à avoir plus d’empathie. Cela signifierait que les hommes ayant des voix dites "féminines" seraient plus enclins à maintenir leurs relations et à avoir des stratégies de communication positives. La testostérone seraient à la base de ces deux variables - des niveaux plus faibles de testostérone étant liés à des voix plus féminines et à des stratégies de communication plus favorables aux relations. Ce qui nous chiffonne quand même à la lecture de cette étude, c’est l’absence d’impact de la testostérone sur les comportements féminins alors que les femmes ont un niveau de testostérone inférieur à celui des hommes mais néanmoins non négligeable (en particulier chez les femmes de pouvoir, dont la voix est souvent grave)*. Mais les auteurs de l’étude proposent une pirouette habile : la possibilité que les hommes ayant des voix plus "féminines" aient tendance à adopter des stratégies de communication et des styles d’attachement plus favorables afin d’augmenter l’intérêt de leur partenaire. Ils concluent en précisant que leur échantillon étant entièrement composé d’étudiants, dont les relations sont généralement folâtres, ils estiment souhaitable de continuer l’étude avec un échantillon plus large et une population plus âgée. Ceux à quoi nous nous permettons d’ajouter : plus bigarrée aussi, les influences culturelles étant non dérisoires ...
* Les voix féminines sont depuis longtemps indicatrices du niveau d’émancipation des femmes. En Scandinavie, par exemple, les femmes ont à peu près atteint la parité depuis quelques décennies et leur voix tend vers le grave, tandis qu’au Japon où elles sont encore assez soumises, les voix tirent vers l’aigu ...