Les hommes violés en silence
Le 21/07/2011
L’excellente Maïa Mazaurette a bien fait de lire le Guardian cette semaine.
Elle rapporte sur son blog de quelle façon, en temps de guerre, les hommes aussi sont violés. Là, l’horreur est double, puisqu’au viol il faut ajouter le silence, à cause de l’impossibilité qu’ils ont à en parler, particulièrement en Afrique, où c’est la vaillance de l’homme qui détermine sa virilité.
Si gouvernements et organismes semblent être dans le déni, il arrive quelques rares fois que des hommes arrivent à en parler, comme récemment en Ouganda, où un homme a raconté comment pendant la guerre civile au Congo, il a été violé trois fois par jour, pendant 3 ans.
Lara Stemple, de l’University de Californie, a publié une étude, "Male Rape and Human Rights" (Le viol des hommes et les droits de l’homme), où elle relève que ces violences ont lieu en temps de guerre ou pour des raisons politiques dans divers pays du monde comme le Chili, la Grèce, la Croatie, l’Iran, le Koweit, l’ex-URSS et l’ex-Yougoslavie.
- 21% des Sri-Lankais qui ont été au centre de torture de Londres ont fait état d’abus sexuels pendant qu’ils étaient en détention.
- Au Salvador, 76% des prisonniers politiques dans les années 80 ont subi des tortures sexuelles.
- 80% des 6.000 hommes qui ont été dans les camps de concentration de Sarajevo ont été violés.
Comme le souligne Maïa, "On est donc sur des pratiques quasi-systématiques (viols en réunion, viols répétés, viols avec torture) qui se rapprochent grandement de ce que subissent les femmes en temps de guerre (le viol de guerre terrorise et démoralise l’ennemi, il permet de se venger, il permet surtout de diviser le pays occupé grâce à la création d’enfants bâtards). A l’exception du fait que les hommes ne peuvent pas parler, et que presque rien n’est fait pour leur venir en aide".
Pour celles qui pourront passer outre l’horreur de la chose, il n’est pas inintéressant de constater que les questions de domination par la force ne sont pas réservée à un genre, et peut-être même qu’en parlant le plus possible du viol des hommes, on parviendrait, hommes et femmes, à poser un autre regard sur "le sexe faible".
[gris]Sophie Bramly[/gris]
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