L’extase et le miroir
Le 08/03/2011
A l’origine, c’est-à-dire en 1910, la journée de la femme permettait aux femmes de revendiquer certains droits et également de fêter ensemble leurs victoires. L’une des victoires qui reste encore essentielle à gagner, c’est la victoire sur nous-mêmes.
Françoise Héritier, anthropologue, disait que « Ce ne sont pas seulement l’action politique ni la raison objective qui sortiront l’humanité de la vision hiérarchique du rapport des sexes dans laquelle elle est plongée et qui est si confortable pour une moitié au moins de l’humanité. C’est l’action sur nous-mêmes, et ce n’est pas là le moins difficile. On se permettra de penser que cette action, parce qu’elle est intellectuellement pensable et émotionnellement concevable, deviendra en pratique faisable »*.
Profitons de ce jour de fête pour revenir un instant sur une phrase, et d’en observer l’acuité, sous un angle sexuel : « l’action sur nous-mêmes, et ce n’est pas là le moins difficile ». Quelle femme, en se regardant le matin dans la glace, ne s’est pas laissé démoraliser au moins une fois par l’image envoyée par le reflet ? Lorsque c’est le cas, l’impact sur le désir et le lâcher prise peut être fatal et, si la situation est récurrente, devenir dévastateur.
Chez l’adolescent, la manière de trouver son orientation sexuelle et son identité de genre consiste à passer de longues heures dans la salle de bains pour s’examiner de la tête aux pieds, « dans un véritable « travail » de reconnaissance de soi. Il pourra finalement investir cette image, la considérer comme sienne, lorsqu’il aura acquis la conscience que ce corps est unique, qu’il lui appartient en propre et surtout qu’il en est l’acteur »**.
En ce jour particulier, comme dans tous les autres jours de l’année, pourquoi ne pas conserver cette conduite juvénile et regarder votre corps et votre visage dans la glace jusqu’à ce que l’image vous plaise, dans la même attitude que celle du photographe qui cherche le bon angle pour magnifier son sujet ? Mise en pratique avec vigueur et obstination, cette simple démarche pourra suffire à décupler votre plaisir avec un partenaire. Le souci de soi et l’appréhension du regard de l’autre s’effaceront pour laisser le champ libre à une perception plus grande de l’extase, laquelle en retour, vous rendra plus radieuse encore.
[gris]Sophie Bramly[/gris]
*« Hommes, femmes : la construction de la différence »
** Alain Braconnier, psychiatre.
Commentaires (9)
Je trouve que c’est là une mauvaise compréhension de la phrase de Françoise Héritier, qui parle d’une action constante sur nos représentations, sur nos conceptions du monde et de nous-même, qui restent, malgré tout, ancrées dans une conception patriarcale.
S’accepter comme on est en se regardant dans la glace, c’est peut-être une façon de se sentir mieux dans sa peau (de femme), une façon de se sentir plus désirable, et par-là même, plus femme.
Cependant, en aucun cas cela ne remet en question ni ne bouleverse nos modèles de pensée. Car F. Héritier ne donne pas de conseils pour une sexualité épanouie, elle critique la façon dont les femmes font leurs des représentations qui ne les servent pas.
Pour mettre en pratique ce dont F. Héritier parle, il faudrait plutôt conseiller aux femmes de se demander pourquoi elles plutôt que leur compagnon sont minées par leur apparence, le matin face au miroir, et pourquoi une apparence non acceptée les laisse plus démunies, plus anéanties que les hommes. Car c’est cette obsession, cette pratique même, qui reproduit les schémas de pensée patriarcaux.
Je trouve que c’est là une interprétation fautive de la phrase de Françoise Héritier, qui parle d’une action constante sur nos représentations, sur nos conceptions du monde et de nous-même, qui restent, malgré tout, ancrées dans une conception patriarcale.
S’accepter comme on est en se regardant dans la glace, c’est peut-être une façon de se sentir mieux dans sa peau (de femme), une façon de se sentir plus désirable, et par-là même, plus femme.
Cependant, en aucun cas cela ne remet en question ni ne bouleverse nos modèles de pensée. Car F. Héritier ne donne pas de conseils pour une sexualité épanouie, elle critique la façon dont les femmes font leurs des représentations qui ne les servent pas.
Pour mettre en pratique ce dont F. Héritier parle, il faudrait plutôt conseiller aux femmes de se demander pourquoi elles plutôt que leur compagnon sont minées par leur apparence, le matin face au miroir, et pourquoi une apparence non acceptée les laisse plus démunies, plus anéanties que les hommes. Car c’est cette obsession, cette pratique même, qui reproduit les schémas de pensée patriarcaux.
Oui il y en a un de trop ! Désolée...
Got it ! Thnkas a lot again for helping me out !
Devant la glace, les hommes sont tout aussi vulnérables et "démunis" que les femmes. Cessons ces généralités néfastes, qui font des femmes, toujours, des êtres délicats sans cesse au bord des larmes et des hommes... Que dit-on des hommes, déjà ?
Reste qu’on parle plus facilement du physique d’une femme que de celui d’un homme. Selon moi, malgré l’évolution de la pensée, la société en attend plus du physique des femmes, tandis que celui des hommes est en règle générale plus indifférent. Mais vous avez raison, les complexes ne sont pas l’apanage des femmes, ni le manque de confiance en soi et il est néfaste de généraliser.
Chère Cécile, nous avons bien conscience d’avoir détourné les propos de Françoise Héritier, c’est pourquoi nous parlions d’en regarder l’acuité sous un angle sexuel, qui n’est évidemment pas celui que proposait l’anthropologue.
Chère Cécile,
Nous avons bien conscience d’avoir détourné la phrase de Françoise Héritier, c’est pourquoi nous parlions de la replacer sous un angle sexuel.
bajoelsol dit :Je pense que le conditionnement est en effet tre8s fort,mais qu’il ne e refle8te pas tojrouus dans les comportements.Par contre e9tonnement, on le retrouve dans les opinions.Les gens ont des comportements varie9s,mais beaucoup quand on leur pose la question,vont donner la re9ponse officielle .Peut eatre tout simplement parce qu’ils n’ont jamais fait l’effort de se faire leur propre avis,vont se contenter d’une opinion qui a de9je0 fait ses preuves.Et puis parfois quand on est tellement formate9 (encore une fois, dans ses ide9es, pas son comportement),on trouvera les preuves et les expe9riences qui vont dans le sens que l’on soutient.(c’est pareil chez les schizophre8nes paranoefacs )Courage, il nous faut encore beaucoup de Gaelle-Maries pour mettre fin aux dictats !!