Caubère, courage et prostitution
Le 15/04/2011
Libération a publié une lettre de Philippe Caubère, qui explique, avec une sincérité touchante, en quoi il trouve navrante la proposition de Mme Bachelot de vouloir pénaliser les « clients de prostituées » par des amendes, voire même des incarcérations.
L’homme est courageux et consterné : comment la droite et la gauche peuvent elles ensemble applaudir cette initiative ?
Comment Mme Bachelot peut-elle se révéler aussi fragile à l’endroit de sa sexualité, aussi fragile que sa propre mère, qui montrait là toutes ses limites ("L’ayant vu l’autre soir à la télévision, les mâchoires serrées, le visage fermé, déclarer sa faveur pour ce texte répressif, dégradant, attentant de plein fouet aux libertés publiques, celle de se prostituer, comme celle de payer un service sexuel à un adulte consentant, j’ai pensé soudain que Laurent Ruquier avait du mettre le doigt (si j’ose dire…) sur un vrai problème. Que je connais. Ma mère avait le même. Il m’a fallu quelques années (et que je la joue dans de nombreux spectacles) pour le comprendre et l’assumer. Ma mère était une obsédée. Une vraie. Gravement perturbée, que sa frustration agitait parfois jusqu’à la démence, déclenchant en elle des accès d’une violence affreuse, castratrice et terriblement prédatrice. Pour ses enfants, pour son mari et surtout pour elle-même. Elle en a tout perdu, jusqu’à la vie.") ?
Comment, pourquoi considèrent-elles qu’une femme qui vend son corps est une victime ?
Macs et clients doivent-ils se trouver sur le même plan ?
Les liens entre l’argent et les sexe ne sont-ils par partout (voir notre article ici) ?
A SecondSexe, nous aimerions ajouter deux choses aux propos si justes de Mr Caubère :
— Nous sommes stupéfiées devant la candeur ou l’hypocrisie de ceux qui combattent le plus vieux métier du monde. La lutte contre prostitution a des airs de Sisyphe : une fois le rocher roulé en haut de la montagne, il retombe avant d’avoir atteint le sommet. Ce combat est tout aussi vain et place les femmes qui exercent et exerceront toujours ce métier dans un état de précarité et de vulnérabilité extrême. La frustration des uns ne doit pas devenir la punition des autres.
— Nous souhaitons la parité partout. L’un de nos souhaits les plus vifs serait de pouvoir nous aussi avoir recours à la prostitution, pour accéder à des jouissances sans entraves, libérées du regard et surtout du refus de l’autre.
Pour retrouver l’article de Philippe Caubère dans son intégralité, cliquez ici.
[gris] Sophie Bramly[/gris]
Photo : Shirin Fakhim "Les prostituées de Téhéran", courtesy Saatchi Gallery
Commentaires (3)
Comment ça ? Quelle absence de parité ? On n’a pas le droit de se payer un petit gigolo, nous ? Ben ça alors...
Encore une fois, une loi qui se trompe de colère....Ce n’est pas la prostitution qu’il faut éradiquer, mais bien le proxénétisme synonyme d’esclavage. Quand cessera-t-on infantiliser les gens, chacun est libre de choisir son boulot, personne ne choisi d’être esclave.
Dans mes longues périodes de célibat, si j’avais pu de temps en temps prendre la bagnole... me repérer un charmant garçon apte à me faire un cunni "4 étoiles" pour 50 euros pour accéder à des jouissances sans entraves, libérées du regard et surtout du refus de l’autre... et bé ça m’aurait économiser des soirées foireuses avec certains gros C... trouvés gratos mais franchement faute de mieux, tiens !!