Une autre vision de l’Annonciation
Le 10/06/2009
L’Annonciation est LE grand thème pictural de la peinture entre le 14e et le 15e siècle. De nombreux peintres exercent leur talent sur ce sujet aux codifications esthétiques bien précises. Ces codes apparemment très restreints font partie intégrante des nombreuses Annonciations de l’histoire de la peinture. Prenons l’Annonciation de Fra Angelico à Cortone pour tenter d’illustrer les fameux secrets de cette représentation. Tous d’abord deux événements s’opposent, dans le fond du tableau nous avons Adam et Ève, chassés du paradis terrestre, symbole du début de la décadence des hommes. Au premier plan, en revanche, Marie apparaît transcendée par la lumière du divin grâce à la nouvelle que vient lui annoncer l’ange Gabriel. Mais on ne peut s’empêcher de retrouver un regard sensualiste dans la conception de cette peinture. Marie serait comme la première ébauche du fantasme inconscient masculin. La femme pure à déflorer. Au risque de frôler l’impertinence, Dieu transperce le ventre de celle-ci avec un rayon de lumière intense. Une image poétique pour évoquer la pénétration ?
La toile délivre un détail très important pour avancer dans l’interprétation. À l’arrière-plan dans l’ombre, se trouve une étoffe de velours ou de soie rouge. Cela signifie que la vierge est en période de menstruation donc... Fertile ! Les médecins de l’époque pensaient qu’une femme devait être fécondée pendant ses règles. C’est à partir de là que l’incohérence s’emballe. Selon l’Église, une femme porte la trace du péché dans ses règles. C’est la punition divine infligée à toutes les femmes pour expier le péché originel d’Ève. D’ailleurs en anglais, les menstrues sont « the curse of Eve », littéralement : la malédiction d’Ève. Pour trancher la question, le concile de Vatican I décrète « l’Immaculée conception » comme dogme irréfutable. Pour finir, on trouve l’opposition manichéenne de la femme avec les deux figures emblématiques d’Ève et de Marie. En d’autres termes les figures bien encrées de la maman et la putain. La vierge lave le péché des hommes en offrant son corps à Dieu. À ne pas manquer l’exposition sur Filippo et Filippino Lippi La Renaissance à Prato, actuellement au musée du Luxembourg à Paris.
[gris]Alina Petrea[/gris]
[gris]Filippo et Filippino Lippi La Renaissance à Prato
Jusqu’au 2 août 2009
Plein Tarif : 11 euros
Tarif réduit : 9 euros
Réservation sur le site du musée :
http://www.museeduluxembourg.fr/[/gris]