Mots
Le 14/02/2010
Si les échanges de mots d’amour vont de pair avec la découverte de l’être aimé, il n’en va pas toujours de même au moment du rapport sexuel.
Pourtant les mots sont un puissant stimulant sexuel, à condition d’être en harmonie avec le langage du/de la partenaire.
Selon Willy Pasini, auteur du Couple amoureux, « avoir beaucoup de vocabulaire est une manière créative d’être ensemble » . Le psychiatre et sexologue incite à veiller à ce qu’un « vocabulaire affectueux ne cache pas cependant une peur du sexe ». Nommer son sexe « zézette » devant son amant, pourquoi pas, à condition que cela ne soit pas une façon de la jouer petit. Pour jouir des plaisirs du sexe, il vaut parfois mieux prendre le titre de l’essai de Florence Montreynaud au mot et Appeler une chatte… Comme nous l’entendons et pas autrement ! Rien n’oblige à l’emploi d’un mot, du moment que nous avons connaissance du lexique et le choix de l’utiliser. Or le vocabulaire de la sexualité est tabou pour de nombreuses femmes quand il ne leur fait pas défaut. La faute au puritanisme de l’éducation, à la pudeur des mères, à la science froide des docteurs… Rosemonde Pujol, auteur du Manuel de clitologie (voir notre interview sur ce site) remarquait qu’on trouve dans les manuels de biologie « les trompes de Fallope (…) l’utérus et le vagin mais de clitoris, point ! » . Or ce bout de chair est entre nos jambes. Sans mot pour le nommer, nous en serions « excisées » ! La première mission serait donc de se munir des mots afin de n’être ¬—au moins au niveau du langage— privées d’aucun sens.
À nous ensuite de placer les mots dans la grammaire de notre désir. Quoi de « bite », « verge », « queue », allons-nous préférer, à quelle occasion ? Quel vocable sera pour nous le plus érotisé ? Si « coureuse » nous laisse de marbre tandis que « cochonne » nous met le feu, nous finirons pas le savoir. À force d’essayer les clés de son trousseau, on finit par trouver celle qui nous fait entrer en émoi. Or elles ne manquent pas ! Pour nous chauffer la langue et délier notre sexe, nous pouvons chanter sur l’air de Colette Renard dans Les Nuits d’une demoiselle comme il est bon de se faire « sucer la friandise, caresser le gardon, empeser la chemise, picorer le bonbon, frotter la péninsule, béliner le joyau, remplir le vestibule, ramoner l’abricot… ». Les ardeurs linguistiques nocturnes ont du bon…