La violence du sexisme ordinaire
Le 24/02/2011
Nous avions adoré la pièce de Carole Thibaut, Fantaisies l’idéal féminin n’est plus ce qu’il était joué en 2010 au théâtre Confluences. Bonne nouvelle : l’auteure comédienne revient sur scène avec une nouvelle version de sa création au théâtre de L’Etoile du Nord.
Voilà ce que nous en disions à l’époque :
« Un texte ciselé, une interprétation maîtrisée, des scènes jubilatoires. Finalement on l’a trouvée la femme idéale, elle s’appelle Carole Thibaut qui dans un grand jet de colère, de réflexion et d’humour signe le texte, la mise en scène et l’interprétation.
Neuf tableaux composent ce monologue. D’une voix suave et pourtant glaçante, la comédienne nous livre dans le premier sa recette pour être La femme idéale. Elle scande une liste effrayante, un condensé de tout ce que la presse féminine, grande ordonnatrice de nos supplices, nous prescrit à longueur de pages. C’est drôle et flippant à la fois et c’est là où se place le talent de Carole Thibaut. Dans le tableau "en avoir ou pas", grimée en barbu, elle réussit à déclencher des fous rires avec un texte d’une violence inouie. "Le con qui porte si bien son nom" est malmené, ramené à un trou béant, à un vide intérieur qui sans l’aide du phallus ne serait rien (c’est le barbu qui le dit). Car si l’homme est dans ce spectacle très peu cité, en filigrane c’est bien de sa domination dont il s’agit, de l’Histoire qu’il a écrite pour nous, des représentations dont il nous affuble.
Une pièce engagée, inspirée, un détricotage de la femme idéale dont l’auteure s’en excuserait presque :
" (...) Si je me laisse gagner par quelques colères féministes, qu’on ne m’en tienne pas rigueur : qu’on oublie pas qu’avant d’être aujourd’hui une moitié de l’humanité, je fus, pendant des millénaires, à peine une moitié d’humain."
La femme mère est écorchée, la pétasse idéale est divinement amenée. Le tout servi par une bande son et un éclairage qui viennent souligner le côté oppressant. Mais encore une fois on rit et c’est jouissif. »
Fantaisies, l’idéal féminin n’est plus ce qu’il était du 23 février au 12 mars 2011.
L’Etoile du Nord, 16 rue Georgette Agutte, 75018 Paris