La mise à des nus hommes de Harley Weir
Le 24/05/2019
Les femmes artistes s’attachent peu à la représentation du corps masculin érotique dans leur travail. N’y penseraient-elles plus, tant la sur-représentation du corps féminin objectifié oblitère celui de l’homme ? Ne désire-t-on pas, nous aussi ? C’est en partant de cette question irritante que la photographe anglaise Harley Weir a déshabillé un certains nombre d’hommes à travers le monde pour en faire un livre, Father.
"Il est difficile de savoir ce que l’on désire en temps que femme, alors que presque toutes les représentations de la sexualité sont faites par des hommes. J’ai toujours voulu faire le genre de choses que je trouve sexy, pour que je puisse sentir que le désir est mien aussi", dit-elle.
Weir a une vision large et généreuse de ce que peut être l’homme. Loin de toute tablette de chocolat, loin de toute crise aigüe de jeunesse, loin des éphèbes qui pourraient être la réponse de la bergère aux bergers, elle a opté pour ceux qui se portent bien, d’autres qui sont las ou fragmentés, et encore d’autres qui empruntent au vestiaire dit féminin. La photographe expérimente, sans limiter son désir, en faisant un double travail : celui de remettre la chair des hommes dans le champ de vision des femmes, celui de démontrer que d’un genre à l’autre, on glisse si facilement ...
"L’idée a pris quelques tours et s’est imposée comme une exploration et un culte du corps masculin (j’utilise le terme masculin de façon très vague car il couvre tout le spectre, jusqu’aux femmes qui s’identifient comme femmes). Penser au désir, trouver les gens beaux et essayer d’ouvrir ces confins que les hommes et les femmes partagent quand il s’agit de rôles de genre et de toutes choses sexuelles. C’est une plateforme pour entamer une conversation plutôt qu’une directive - un sentiment."
A 27 ans, cette Londonienne - qui travaille avec succès pour des marques de mode et des magazines - mélange la délicatesse à l’obscène, utilise le fragment pour diffuser ses sentiments et l’expérimentation comme outil pour rafraichir l’érotisme.
Papa est une femme, chaque chose est un cheval, pour paraphraser un vieux proverbe chinois. .
Father, de Harley Weir
disponible en ligne sur le site de IDEA
Édition limitée à 1000 exemplaires.
176 pages sur papier recyclé, 45£ / 50€
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