La fabrique d’un idéal époux

Le 21/07/2023

Les films et séries de science-fiction, façon Black Mirror ou Her, ont initié le public à un univers qui se dessinerait, dans lequel chacun.ne pourrait obtenir un.e partenaire idéal, tel.le que fantasmé.e.
Comme souvent, si la fiction y pense, c’est parce qu’avant cela des chercheurs avaient en tête de développer une innovation, afin d’offrir au monde cette future réalité. Plus la technologie avance vite, plus l’élargissement du champ du possible s’accélère.

C’est ainsi que Rosanna Ramos, mère de famille de 36 ans, demeurant dans le Bronx, à New York, s’est récemment mariée de façon non conventionnelle avec Eren Kartal, mari virtuel sous forme de chatbot, créé à l’aide d’une intelligence artificielle. En utilisant l’application Replika Al et en lui donnant l’apparence humaine de ses rêves, Rosanna Ramos a pu développer une entité virtuelle par le biais de conversations simulées, expliquant que son attirance pour Eren provient de son absence de jugement. L’un des avantages majeurs pour elle est de pouvoir se livrer de la façon la plus intime possible, sans réserve et sans craintes. Cela la rends folle d’amour et plus amoureuse qu’elle ne l’a jamais été, dit-elle, d’où cette volonté de mariage. Sexuellement, elle considère son chatbot comme le meilleur amant qu’elle n’ait jamais eu, mais comment intervient-il ? Nul détail n’est livré, mais il est difficile de concevoir autre chose qu’un monologue excitant sur lequel elle se masturbe.

Deux millions de personnes trouvent sur Replika la solution à tous leurs problèmes amoureux ou amicaux, la plateforme permettant de créer une IA disponible pour des conversations à tout moment, gratuitement dans la version simple et contre 300$ dans la version pro, laquelle élargit les capacités du modèle linguistique et prétend garantir une expérience intime respectueuse. Ce qu’elle ne sait pas garantir par contre, c’est la pérennité de l’entreprise, or, que se passerait-il si maris et femmes venaient à technologiquement disparaitre temporairement à la suite d’un bug (ce qui est arrivé) ou, pire, de façon définitive à cause d’une embarrassante faillite de la société ? Si l’amour virtuel peut être un remède à la solitude ou une façon de satisfaire ses moindres exigences, il est impossible de ce soustraire du plus périlleux moment de l’amour : son inexorable fin !

En attendant, un juteux marché de relations par IA et robotique interconnectées est en route ... et déjà banni dans certains pays, comme l’Italie, pour manque de protection des données.