Filles perdues
Alan Moore et Melinda GebbieLe 25/06/2009
Après les contes de fées psychanalysés, voici les contes de fées magnifiés par l’univers de la bande-dessinée. Trois personnages ont retenu l’attention du scénariste Alan Moore. Des personnages qui nous rappellent à tous de tendres souvenirs d’enfance : Alice au pays des Merveilles, Wendy l’amie de Peter Pan et la Dorothée du Magicien d’Oz. L’enfance ne dure qu’un temps, et les désirs s’expriment avec de plus en plus de force et de liberté quand l’âge adulte offre un terrain de jeu disons... Plus large. Pourquoi nos personnages préférés n’évolueraient-ils pas de même ? C’est la thèse délicieuse des auteurs de ce magnifique ouvrage. Wendy n’est plus l’adorable enfant qui rêve éveillée et protège sa famille, Dorothée n’a plus les cheveux soigneusement tressés… La première est devenue une femme à la recherche du plaisir, et la seconde une fille de ferme très portée sur la chose.
On les suit donc dans une cette fresque de jouissance, on les voit s’adonner aux plaisirs de la chair, se caresser, faire l’amour dans une vraie débauche sexuelle. C’est une oeuvre résolument pornographique. L’excès transpire à chaque page. L’imagination s’enflamme, et l’expérience atteint une sorte de plénitude où les corps exaltent leurs courbes dans une belle force érotique. Tout est savamment étudié dans cet ouvrage dont la mise en forme même évoque l’érotisme. Ainsi, les aventures d’Alice s’inscrivent dans des ovales qui figurent le sexe féminin. Celles de Wendy se déclinent en trois cases verticales qui rappellent le phallus. Enfin, celles de Dorothy, dessinées en trois bandes horizontales, représentent leur héroïne qui aime être couchée sous un homme. Une lecture pour le moins originale de nos contes préférés, qui contient l’essence érotique nécessaire à l’éclosion du désir.
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Filles perdues, d’Alan Moore et Melinda Gebbie
Éditions Delcourt
49,90 euros[/gris]