Epectase
Le 13/06/2011
Le mot désigne selon le Grand Robert « une mort foudroyante pendant un rapport sexuel ».
Cette acception est récente. Auparavant le mot n’appartenait qu’au vocabulaire religieux. L’épectase – qui vient du grec epektasis – désignait la tension, l’effort vers Dieu effectué par le croyant pour atteindre la perfection.
En 1974, le cardinal Jean Daniélou, un célèbre théologien français, mourait, à Paris, au domicile d’une fille de joie. Ce prélat érudit avait été, en 1944, l’auteur d’un ouvrage de quelque renom intitulé Platonisme et théologie mystique, ouvrage dans lequel il commentait assez finement la notion d’épectase. Il va sans dire que l’Eglise s’empressa de justifier la présence de son Eminence en des lieux si impurs. Au moment de sa mort, tel le Christ avec Marie-Madeleine, l’ecclésiastique « visitait », affirma-t-on, la malheureuse pécheresse chez laquelle il fut retrouvé afin de la ramener sur le droit chemin. Dans son communiqué officiel, le Saint-Siège, reprenant opportunément un mot cher au défunt, déclara même que « c’était dans l’épectase de l’apôtre qu’il était allé à la rencontre du Dieu vivant ». On ne saurait mieux dire. Le Canard enchaîné ne manqua pas de relever la formule. C’est de là qu’est né l’emploi du mot dans son sens actuel et ô combien profane.
A noter que, rétrospectivement, ce vocable est souvent employé pour évoquer la mort du président Félix Faure, foudroyé lui aussi alors qu’il allait « à la rencontre du Dieu vivant » entre les bras de sa maîtresse, dans le salon bleu de l’Elysée, le 16 février 1899.