Que veulent les femmes sexuellement ?

Le 25/04/2014

C’est une très bonne question que pose Daniel Bergner, journaliste d’investigation au New York Times, à laquelle peu de femmes savent répondre. Mais c’est auprès de scientifiques (féminines, le plus souvent) qu’il est allé enquêter et suivre l’évolution de leurs recherches.
Le livre ouvre avec Meredith Chivers, dont nous avons régulièrement parlé sur SecondSexe.com, tant son travail sur la façon dont les hommes et les femmes réagissent aux images pornographiques (les organes génitaux des femmes réagissent à tous types d’images, indépendamment de leurs préférences sexuelles et de leur morale) nous a intéressé. Elle explique dans ce livre comment "les petits garçons grandissent avec la conscience constante de (leur) organe, et le cerveau masculin est habitué à recevoir des informations de leur sexe" alors que le corps féminin ne le permet pas, ce qui rend les femmes "moins conscientes des sensations de leur corps que les hommes", auquel il faut encore ajouter la faible estime de soi pour mieux comprendre la disparité des réactions, des émotions et des sensations.
Jim Pfaus analyse le comportement des rats et raconte la chronologie des molécules de l’amour, comme les opioïdes endogènes, qui s’allient à la dopamine au moment de l’orgasme, et procurent ensemble une satisfaction si complète (comparable aux effets de la morphine ou de l’héroïne) que le désir se dissout, et l’animal satisfait reste dans un état léthargique, tout comme les humains.
Cindy Meston, psychologue clinicienne, à l’Université de Texas, à Austin (États-Unis), auteur de nombreuses études sur les comportements sexuels féminins et du livre « Why Women have Sex » (pourquoi les femmes font-elles l’amour ?) raconte l’expérience qu’elle a mené dans un parc à thèmes, pour comprendre les effets positifs de la peur sur l’amour. Des candidats ont vus des photos de personnes du sexe opposé avant et après un tour de montagnes russes. Dans les cas de candidats en couples, les photos vues avant ou après le tour étaient perçues sensiblement de la même façon. Mais dans le cas de personnes célibataires, l’excitation et le désir de la personne présentée en photo était beaucoup plus intense après avoir eu peur qu’avant. Ce « transfert d’excitation » montrerait les liens qui existent dans le cerveau entre les circuits de la peur et de l’excitation sexuelle. Nos 2 circuits nerveux autonomes (parasympathique et orthosympathique) gèrent la sudation, le rythme cardiaque, etc., mais seul l’orthosympathique gère aussi l’orgasme. « Pendant l’activité sexuelle, le parasympathique est mis en œuvre et à un certain moment, lorsque nous sommes suffisamment excité, un interrupteur intervient, nous branche sur l’orthosympathique pour arriver à l’orgasme. Le paraphile, pour sa part, souffre d’une défaillance, d’une paresse de cet interrupteur, si bien qu’il a besoin de recourir à des actes extrêmes pour mettre en œuvre l’orthosympathique ». Il est également vraisemblable que les femmes qui fantasment sur des scènes de violence (être prise par des inconnus, dans des lieux publics, etc.) pourraient fonctionner selon le même principe, pour débloquer un parasympathique paresseux.
Les explications sont nombreuses pour démontrer que la sexualité féminine est gourmande et riche, chez les humains comme chez les animaux (où c’est souvent la femelle qui réclame des rapports sexuels) ; au point que pendant des siècles, les hommes la craignaient, la redoutaient, tant ils n’étaient sûrs de pouvoir honorer leurs partenaires. C’est aussi la raison pour laquelle, tout au long de l’histoire, ils l’ont combattue et étouffée.
Jusqu’à aujourd’hui.

"Que veulent les femmes ?"
Daniel Bergner
Editions Hugo Doc
17€
239 pages