Orgie de la tolérance
Le 06/04/2009
Jan Fabre signe une œuvre pour le moins déroutante. Un certain malaise est même évoqué par des spectateurs, pris dans une gigantesque danse sensuelle et politique qui s’ouvre sur une scène de masturbation entre quatre hommes et quatre femmes… Partant du constat que la pornographie industrielle, le capitalisme incontrôlé et la xénophobie sont étrangement tolérés, l’artiste mêle théâtre, performance et danse pour démontrer cette réduction de l’être à l’avoir. L’outil par lequel il dénonce cette violence est la violence elle-même, tant dans la mise en scène que dans le traitement brut et sans détour des scènes sexuelles. Des corps fluides et vulnérables se déchaînent dans l’espace scénique. Une véritable esthétique surgit de ce déferlement de phallus (sur les nez, sur les fesses…), symboles de la course effrénée à l’orgasme. Des motifs comme la masturbation reviennent régulièrement baliser le parcours de la jouissance immédiate et non construite. On ressort de cette vaste composition conquis et porté par un élan vers un érotisme finalement magnifié. Une sorte de catharsis s’opère chez le spectateur car tout se passe comme si la musique et l’énergie des acteurs réveillaient les sens… Jan Fabre nous interpelle avec force sur un terrain très actuel : « Que reste-t-il de notre idéal de beauté dans un monde où tout s’achète ? »