Libertin et engagé

Le 23/11/2009


Les éditions Phébus publient le Drôle de jeu de Roger Vailland, journaliste et écrivain né en 1907, dandy et résistant, communiste et libertin. Paru une première fois en 1945, ce roman qui reçut la même année le Prix Interallié raconte le destin singulier d’un homme amoureux des femmes, partagé entre ses convictions politiques et son âme de séducteur.
A la manière d’un journal intime, le récit se déroule sur 5 journées et accompagne le jeune François Lamballe qui mène une double vie, balloté entre Résistance et quête amoureuse. Il choisira un pseudonyme, Marat, son nom de "combattant", mais ne délaissera pas sa vie de François, libre, désinvolte (comme la plupart de ses compagnons), et concupiscent. Les femmes y tiennent un rôle essentiel. Contraintes, amoureuses, affables, elles ont tout de même leur mot à dire et il n’est pas injustifié. Ainsi, c’est un personnage féminin, Annie (fiancée à un étudiant communiste, Frédéric, puis amante de Marat) qui avoue ne pas comprendre ce "drôle de jeu".
... car enfin vous jouez, dit-elle, poser des bombes au clair de lune, faire dérailler un train, est évidemment un jeu passionnant. [...] Vous devez jouer à faire jouer les autres... drôle de jeu.
En effet, pour Marat, la Résistance n’a répondu à aucun besoin profond... n’a été qu’un jeu..., car la vie elle même n’est qu’un jeu étrange, jeu de l’amour et des pulsions, de l’usurpation, de la Résistance, de la jalousie et du destin.
Le destin n’a pas de morale, affirmera Marat à la fin du roman qui, prolongeant une nuit d’amour avec Annie, manquera un rendez-vous et échappera ainsi à la Gestapo.
Ce roman est modestement considéré par l’auteur comme une pure invention puisqu’il dira lui-même : "Drôle de jeu est un roman, une fiction, une création de l’imagination. Ce n’est pas un roman historique." Mais on sait que de nombreux éléments sont autobiographiques, ce dont témoigne la force réaliste de ce livre.

Drôle de jeu, Roger Vailland, éditions Phébus, collection "Libretto", 300 pages, 12 €.

Commentaires (1)

  • Stif

    Tiens, un écrivain que j’avais complètement oublié.