La fabuleuse histoire de la "verge féminine"

Le 30/07/2012

Il est toujours un peu déroutant de constater que l’essentiel de la prose scientifique sur la sexualité féminine nait sous la plume des hommes (les scientifiques femmes auraient elles peur de mettre leur propore sexualité en jeu ?), et leur actuelle envie dévorante de comprendre est presque émouvante, quelques fois aussi instructive.
C’est le cas avec Jean-Claude Picquard, sexologue, qui vient de publier La fabuleuse histoire du clitoris, apportant un bel éclairage à ce qui devrait être l’objet de toutes nos attentions.
Picquard se livre d’abord à une approche historique de l’histoire du clitoris, qui pendant des siècles fut chatouillé pour assurer un orgasme à la femme dans le but essentiel d’améliorer la reproduction. Celui que les médecins ont un temps appelé la "verge féminine", l’organe de la volupté, a commencé à disparaitre des planches anatomiques et des dictionnaires, lorsque le XVIIIe siècle a découvert que l’organe n’avait d’autre fonction que le plaisir. Puis ce fut Freud, qui lui porta un coup fatal en théorisant deux orgasmes féminins, l’un, infantile, le clitoridien, l’autre noble, le vaginal. Quelques grandes femmes du XXe siècle ont pourtant tenté de combattre cette erreur de jugement, comme Benoite Groult, le mal (et le mâle) était fait et perdure encore.
Mais la partie la plus essentielle du livre se tient peut-être tout à la fin, lorsque l’auteur s’attache à décrire les différences que ressentent les femmes entre leurs orgasmes obtenus par stimulations clitoridiennes et ceux obtenus par pénétration sans cette stimulation. Pour lui, on sait fort bien décrire celui obtenu par voie clitoridienne, ses manifestations physiques ont été décrites depuis des siècles (les spasmes en particulier), mais sur celui plus long et diffus obtenu par la pénétration, fort peu a été dit. Pour Picquard, qui a interviewé de nombreuses femmes, "le plaisir plus long, essentiellement vaginal, qui semble plutôt mobiliser le système nerveux autonome modérateur, celui de la détente, de la relaxation (le système parasympathique"). C’est pourquoi il dissocie les deux, nommant le premier orgasme et le second jouissance.
Il serait sans doute bon que toutes les femmes qui pensent ne pas avoir d’orgasmes vaginaux et sont en quête de le trouver, lisent ce livre ; tout comme les hommes inquiets de savoir si leur partenaire a vraiment joui ou seulement simulé, sous la vaillance de leurs assaults. L’un et l’autre trouveraient dans ces pages de quoi conforter tous les plaisirs à venir.

Jean-Claude Picquard "La fabuleuse histoire du clitoris"
Editions Blanche
16€