L’amour gourmand
Libertinage gastronomique au XVIIIe siècleLe 21/04/2009
Ce livre a une saveur particulière, il fleure bon la liberté des corps et révèle toute la gourmandise du XVIIIe siècle. Il démontre comment l’érotisme gagne beaucoup dans son rapport à la nourriture. L’imaginaire stimule l’appétit sexuel tout autant que la création culinaire. Deux plaisirs de la bouche qui se nourrissent donc mutuellement. Serge Safran, dans ce livre érudit, analyse ce qu’il appelle un « libertinage gastronomique ». Organisé en chapitres, l’ouvrage relate avec une rigueur scientifique les vertus aphrodisiaques du chocolat, le rapport de l’huître aux jolies femmes, le café comme lieu propice à la sociabilité et aux rencontres, le tabac qui incite les gens à mieux se connaître, ou encore le champagne, liqueur enchanteresse invitant à tous les plaisirs… Les repas qui rythment la journée sont aussi susceptibles de créer des instants de désir : le tête-à-tête, l’assiette partagée sur un canapé… Cette belle édition de La Musardine, nous propose plutôt un essai d’histoire sociale qu’un roman. Au sein des nombreuses anecdotes, on retiendra le « jeu de l’huître » de Casanova. Le mythique amant vénitien s’amusait à glisser des huîtres de bouche en bouche : « Elle me présentait sur sa langue la sienne en même temps que je lui embouchais la mienne ; il n’y a point de jeu plus voluptueux entre deux amoureux. Quelle sauce que celle d’une huître que je hume de la bouche de l’objet que j’adore ! »
[gris]Serge Safran
L’Amour gourmand, libertinage gastronomique au XVIIIe siècle
Éditions de la Musardine
16 euros
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