Est-ce fini ou est-ce mieux ?

Le 18/09/2022

Au loin, la seconde moitié du vingtième siècle et sa libération sexuelle. A présent ? La baisse (et non la baise) de la fréquence des rapports sexuels aux États-Unis, au Japon, en Allemagne, en Australie au Royaume-Uni et certainement aussi dans nos pays latins, bien qu’ils soient exclus de cette nouvelle étude, qui rapporte que rien ne va plus, en duo comme en solo.
Pour étudier ce phénomène, les auteurs de cette étude parue dans Archives of Sexual Behavior se sont basés sur deux vagues de l’enquête nationale américaine sur la santé et le comportement sexuels, l’une faite en 2009 et l’autre en 2018, avec environ cinq mille participants âgés de 14 à 49 ans.
Les résultats sont tristes à pleurer (même si cela fait un moment que l’on constate une baisse effrayante des rapports sexuels dans le monde) : pénétration, pipes, cunnilingus, masturbation, tout semble en voie de disparition, avec surtout un grand nombre d’adolescents sans rapports sexuels d’aucune sorte.
Le professeur Herbenick et son équipe, auteurs de l’étude, suggèrent plusieurs raisons possibles pour expliquer ce déclin, notamment :

- les rapports virtuels qu’offre le web (sexting, porno, etc.)

- une baisse (et non une augmentation) de la consommation d’alcool chez les adolescents, alors qu’il désinhibe.

- un plus grand nombre de personnes avec une meilleure compréhension du consentement sexuel.

- une plus grande facilité à parler librement du nombre de partenaires sexuels et de la fréquence des rapports sexuels. On ne se sent plus obligés de faire semblant ...

- Un usage des médias sociaux et jeux vidéo de plus en plus chronophage.

- une baisse des relations amoureuses.

Toutes ces données sont antérieures à la pandémie de COVID-19, qui a encore renforcé cette baisse généralisée de désir : une autre étude, faites à partir d’une enquête réalisée entre le 21 mars et le 14 avril 2020, avec des participants âgés de 18 à 81 ans montre que environ la moitié des personnes interrogées ont fait état d’une diminution de leur comportement sexuel : 43,5 % ont déclaré une baisse, 42,8 % ont déclaré que la fréquence de leur activité sexuelle était restée la même, et 13,6 % ont déclaré une augmentation. Ce dernier chiffre de 13,6 % s’écarte considérablement des premières spéculations sur la pandémie, qui prévoyaient une augmentation marquée de l’activité sexuelle.
Une petite note d’espoir malgré tout, a ajouter à un meilleur dialogue entre les partenaires : Lehmiller signale qu’un répondant sur cinq a profité de la période pour élargie le champ de ses activités sexuelles.
Less is more ?

Etude de Herbenick, D., Rosenberg, M., Golzarri-Arroyo, L., Fortenberry, J. Dennis : "Changes in penile-vaginal intercourse frequency and sexual repertoire from 2009 to 2018 : Finds from the National Survey of Sexual Health and Behavior" (Évolution de la fréquence des rapports péniens-vaginaux et du répertoire sexuel de 2009 à 2018 : Résultats de l’enquête nationale sur la santé et le comportement sexuels.), Archives of Sexual Behavior.