Une éducation libertine

Le 29/03/2010

N’en déplaise aux préjugés condamnant souvent les premiers romans au rang de brouillon, cette éducation libertine est un petit bijou d’écrivain où règnent luxure et belles-lettres.

Situant ses personnages à Paris, en plein siècle des Lumières, Jean-Baptiste Del Amo manie la plume avec élégance sans oublier la pointe d’impertinence qui emplit ainsi les pages d’une immanquable et délicieuse lubricité. Véritable roman d’apprentissage, Une éducation Libertine traite volontiers du libertinage, de la prostitution et de l’homosexualité. L’écriture de Del Amo ne manque d’ailleurs pas de clarté et fait habilement appel à notre sensorialité, l’impudeur de la rue se respirant et se palpant dès les premières lignes :

"Paris, nombril crasseux et puant de France. Le soleil suspendu au ciel comme un œil de cyclope, jetait sur la ville une chaleur incorruptible, une sécheresse suffocante. Cette fièvre fondait sur Paris (...) Dans la géhenne, la chaleur de l’été collait aux visages comme un masque, drapait les corps de feu, tuait les bêtes qui tentaient de survivre en quelque coin d’ombre, suffoquait les femmes aux poitrines poisseuses. Les glandes sudorales déversaient leurs humeurs. Jaillies d’aisselles velues, elles s’écoulaient des flancs aux fesses puis sur les jambes. (...)"

Au delà de la morale et des conventions bourgeoises, le personnage de Gaspard, vagabond frivole et solitaire, parcourt alors ce récit odorant et convoite joyeusement la chair qui se présente à lui.

Une éducation libertine, de Jean-Baptiste Del Amo, éditions Gallimard, folio, 437 pages, 7,70€.





© Laurence Beriot