Tout oublier pour mieux se souvenir ?

Le 11/10/2011

En lisant sur le site NonFiction.fr la critique sur le nouveau livre de Bernard Pautrat "Ethica Sexualis. Spinoza et l’amour" on est en droit de se demander d’où vient la tendance actuelle à prêcher les mérites de l’abstinence.
Ici, on nous rappelle que pour Spinoza, "si la bonne vie sexuelle est possible, elle doit être difficile autant que rare, et qu’au bout du compte, mieux vaudrait, tout simplement et si possible, s’en passer". Pour le philosophe, c’est un désir qui surpasse tous les autres, et de ce fait peut être une menace. Mieux vaut donc l’amour de Dieu, qui mène à la béatitude par des voies intellectuelles, on reste donc dans le contrôle de soi.
Ce livre faisant suite à l’essai de Peggy Sastre, "No sex : avoir envie de ne pas faire l’amour ", et au livre de Sophie Fontanel "L’envie", qui est aussi l’envie de ne pas avoir envie si l’on n’est pas assuré(e) d’avoir un partenaire à la hauteur de ses désirs, on s’interroge alors sur l’origine de cette nouvelle vague.
N’eût été la lente élaboration d’un livre, on serait tenté de croire que ces publications sont les effets du ras-le-bol provoqué par la vague DSK et du désarroi consécutif de certains sur la manière d’aborder dorénavant les questions de sexe. Au vu de la couverture médiatique et des ventes impressionnantes (Sophie Fontanel a dépassé les 50.000 exemplaires), on note en tout cas que le succès est peut-être le résultat de l’affaire, mêlé à l’exaspération des injonctions de performance qui continuent de tilter ici et là.
Nous aurions ici plutôt envie de nous réjouir de la tangente qui pourrait découler de ses deux extrêmes, l’idée que performance, quick sex et autres inventions nouvelles tiennent plus de la performance sportive ou du comprimé bien-être ; et que la vraie rencontre des corps, celle qui ferait perdre la tête à Spinoza, est effectivement rare et de ce fait particulièrement précieuse, louable, admirable et désirable ; un Graal qu’il faudrait pouvoir rencontrer au moins une fois ou deux dans sa vie, pour traverser le temps et enrichir nos extases de cette attente, de ces instants et de leur souvenir.

Commentaires (3)

  • Sophie

    Et si, plutôt, on laissait les gens fabriquer et assumer les sexualités qui leur conviennent, sans se laisser influencer par la nouvelle morale laïque (l’amour, les sentiments d’abord, etc.), les sexologues (qui n’ont jamais quitté le couvent), les journalistes puritains et autres "scientifiques" aux intentions bien dessinées ? Et si j’aime, moi, la baise comme d’une performance sportive, festive et ludique, avec un goût particulier pour les membres masculins qui en imposent, et si je préfère la levrette explosive aux doux murmures d’amour, puis-je ?

  • Clément

    Rien à ajouter au commentaire de Sophie, je suis amplement d’accord. Laissons-nous vivre comme on l’entend, d’un côté comme d’un autre...

  • UneautreSophie

    Suis également 100% d’accord.