Mezzanine

Le 17/06/2009

Lorsqu’un auteur se livre au plaisir de la transgression, la littérature devient performative. Les pages figurent le désir, et l’on se prend à rêver d’être l’acteur des situations érotiques décrites. C’est ici le cas, dans ce délicieux roman provocateur par son ton et par sa forme, puisqu’il est une vaste architecture érotique, composée de quinze tableaux que l’on pourrait qualifier de sadiens. Journaliste à Libération depuis les années 1980, Bruno Bayon nous emmène comme témoins de toutes ses aventures sexuelles, avec pour décor commun, sa fameuse mezzanine située dans le Nord de Paris. Le lieu est ainsi perçu comme le dénominateur de tous ses souvenirs de jouissance. Cette mezzanine, prévient Bayon, c’est « l’antre de Barbe-Bleue », autrement dit le lieu de tous les fantasmes, le cabinet imaginaire. C’est son espace de liberté. On ressent d’ailleurs une vraie jubilation à nous le faire partager. Pour l’évoquer, l’auteur ne lésine pas sur les détails, et affirme un vrai style, entre la vivacité de Céline et le côté fantasmatique de Lautréamont. Agréable pour certains, détestable pour d’autres, il ne laisse pas indifférent. C’est sans nul doute la marque des vrais écrivains.

[gris] Mezzanine de Bruno Bayon
Éditions Grasset
18,50 euros[/gris]