Lettre à celles qui pensent que les sex toys, c’est pour les autres !

Le 19/04/2009

Bon nombre de femmes considèrent que les sex toys, c’est surtout pour les autres et que ça ne les concerne pas. Erreur ! Nous sommes toutes concernées par ces petits objets dédiés à notre plaisir.

Tout d’abord, pour tordre le coup aux idées reçues, les sex toys ne sont pas l’apanage de célibataires délaissées et solitaires au fond de leurs grands lits. Il ne s’agit pas d’avoir soit un partenaire, soit un sextoy. La première raison à cela c’est que le jouet érotique n’est pas, et ne sera jamais, un substitut du phallus. Sa fonction essentielle est d’aider à la masturbation, laquelle est nécessaire et indispensable pour bien connaître et comprendre son corps et de ce fait permettre une amélioration de la jouissance. Le sextoy participe à notre confort de vie et à notre bien-être. C’est pour cette raison que toutes les femmes sont des utilisatrices potentielles sans distinction aucune : de l’étudiante, à la mère de famille en passant par la célibataire ou l’amoureuse passionnée.

De toutes part, les conversations fusent et on est en droit de se demander « Mais pourquoi en parle-t-on tant en ce moment ? ». Les choses n’arrivent jamais par hasard, si les médias (et donc nos conversations) s’emparent avec un empressement aussi vif du sujet, c’est pour une raison toute simple : nous sommes maintenant capable de le tolérer ! Rappelons tout de même qu’il a fallu plus de 10 siècles pour qu’on accorde à la femme le droit de penser librement, et qu’elle n’a le droit de vote que depuis le milieu du 20ème siècle (depuis 1944 en France). Alors finalement, moins d’un demi-siècle pour qu’elle prenne conscience de son corps et de son désir et qu’elle aille à la rencontre de sa sexualité, c’est peu. Il fallait bien que cela arrive à un moment où son indépendance économique lui permette de prendre ce pouvoir sur elle-même et c’est maintenant !

Le sex toy est la plupart du temps un vibromasseur (petit rappel : le vibromasseur stimule le clitoris et sa forme et sa taille varient considérablement d’un produit à un autre ; le godemiché, lui, a une forme phallique, ne vibre pas et est destiné à la pénétration vaginale la plupart du temps). Le vibromasseur, donc, aide à réveiller ce corps trop longtemps endormi. Ses vibrations honorent le clitoris, point névralgique de la sexualité féminine, seul organe humain connu qui n’ait pas d’autre fonction que celle du plaisir. Certaines découvrent très tôt la masturbation, mais pour d’autres, l’héritage familial est souvent trop lourd en ce qui concerne la sexualité, et soit elles n’y pensent même pas soit elles trouvent inconvenant de se toucher. Pour ces dernières, le vibromasseur est souvent un bon médiateur pour éviter de concrètement « se toucher » avec ses propres doigts. Le vibromasseur est aussi un outil d’une efficacité surprenante pour celles qui n’ont jamais eu d’orgasme clitoridien ou d’orgasme tout court. La puissance de ses vibrations entraîne une jouissance quasiment assurée, ce qui n’est pas forcément le cas lors d’une stimulation manuelle.

Le vibromasseur est aussi un jouet, qui permet comme son nom l’indique de jouer avec son partenaire et par conséquent de lutter contre une monotonie qui bien souvent s’installe. Il permet également de faire passer des messages, des demandes, sans prendre le risque d’indisposer l’autre, puisque le rapport est ludique. Combien de femmes n’osent pas dire à leur partenaire qu’elles sont clitoridiennes et qu’elles souhaiteraient que leur clitoris soit honoré plus souvent ? Malgré tous ces innombrables avantages, le vibromasseur est peu répandu en France. Nous sommes loin derrière les pays anglo-saxons. D’après les différentes études publiées, seules 7 à 12% des Françaises auraient essayé un vibromasseur contre 43% des Américaines et 49% des Anglaises. Pourquoi les anglo-saxonnes sont-elles si en avance sur nous ? Auraient-elles pris conscience de leur plaisir avant nous ? Un petit récapitulatif de l’histoire du vibromasseur nous explique comment l’utilisation du vibromasseur s’est développée plus particulièrement dans les pays anglo-saxons.

Au XIXème siècle, le massage clitoridien est une thérapie préconisée comme traitement contre l’hystérie. La morale ne fait pas d’obstacle à ce traitement, puisqu’à l’époque, la jouissance clitoridienne n’est pas reconnue à la femme. L’invention du vibromasseur (tout ce qu’il y a de plus médical) en 1869 va donc soulager les médecins de leurs massages manuels qui pouvaient durer jusqu’à une heure. Il faut attendre le début du XXème siècle pour que l’usage privé se développe. Les publicités américaines le recommandent aux maris pour l’harmonie du foyer, et il devient l’un des objets domestiques les plus courants, au même titre que le robot mixeur ou le toaster. Le vibromasseur ne disparaît des cabinets médicaux et des catalogues de VPC en 1920 quand la reconnaissance de l’orgasme clitoridien ne fait plus de doute et que la morale collective le fustige. En ce début de XXIème siècle, nous pensions nous libérer en parlant librement des sex-toys, mais en réalité cela ressemble fort à un retour en arrière…A ceci près qu’après des décennies de clandestinité, le vibromasseur est revenu parmi nous au nom du plaisir et non de la médecine !

C’est toujours ces mêmes Américaines qui ont aidé l’engouement pour les sex toys à se propager en France. C’est la série Sex and the City qui dévoile le fameux Rabbit (vibromasseur « deux-en-un » conçu pour la stimulation clitoridienne et la pénétration vaginale simultanées). Les quatre héroïnes du feuilleton, 35 ans, branchées et new yorkaises, démystifient le sex toy et encouragent les femmes de tous les pays à l’utiliser. Elles sont jeunes, jolies, dans le vent et parlent de leurs sex toys sans pudeur. Elles ont ouvert la voie.

Les femmes dépensent une partie de leur budget pour elles-même : mode, décoration, musique, restaurants, sorties,… Mais peu ont osé franchir le pas du « bien-être intime ». Ce n’est une question de temps… car celle qui a acheté son premier vibromasseur vous dira que ce nouveau jouet de plaisir l’a rendue plus euphorique et plus épanouie que n’importe quelle nouvelle robe !

Pour entrer dans le détail, les femmes n’ont besoin de personne pour essayer un vibromasseur, un godemiché ou des boules de geisha. Mais la liste des sex toys ne s’arrête pas là quand on a un partenaire de jeu. Beaucoup de femmes attendraient un acquiescement de leurs partenaires pour s’y mettre. Mais plutôt que d’attendre un signe approbateur, elles devraient, dans un monde où elles s’émancipent, « faire » elles-mêmes le signe. Leurs partenaires seront à n’en pas douter agréablement surpris et se prêteront au jeu avec gourmandise. Des vibromasseurs à télécommande, aux cockring vibrants (anneau que Monsieur enfile autour de son pénis afin de prolonger l’érection et d’amplifier ses sensations), en passant par les menottes, et autres jeux de soumission / domination, la palette est vaste. Essayez par exemple de mettre un masque sur les yeux de votre partenaire : comme il ne vous verra pas, vous pourrez essayer de nouvelles choses qui vous tentent sans avoir à affronter son regard. Sa surprise sera aussi grande que son plaisir et vous aurez osé faire ce qui vous paraissait impensable.

Les sex toys renouvellent les rapports charnels. Même si les corps sont les mêmes et qu’un coït reste un coït, en revanche les sex toys réinventent les préliminaires. La notion de jeu entraîne forcément une plus grande complicité entre les partenaires. Qui dit complicité, dit partage et la jouissance du couple sera forcément plus intense si elle est partagée. Au-delà du plaisir physique, c’est une excitation cérébrale qui s’installe. Jouer avec l’autre, être le jouet de l’autre, mettre en scène, donner, recevoir…

Même si les femmes connaissent de plus en plus leurs corps et leurs désirs, il ne faut pas perdre de vue que l’embryon du désir se forme dans le cerveau ! Alors exprimez vos désirs et vos fantasmes !

Sophie Bramly et Constance de Médina