L’un comprime, l’autre exprime

Le 03/01/2011

En 2010, l’inquiétude économique de la planète a provoqué le retour des idées étriquées, qui ne sont ni propices à notre épanouissement de femme, ni à celui de la sexualité en général.
Le gouvernement anglais souhaite que les fournisseurs d’accès filtrent l’Internet et empêchent l’accès à la pornographie. En Italie, Berlusconi propose aux femmes d’épouser des hommes vieux et riches pour bien construire leur avenir. Les Chinois viennent de fermer 60.000 sites pornographiques. Les Israéliens et les Vietnamiens ne veulent plus voir de lingerie en vitrine des magasins. La France ne fait pas exception sur le terrain de la pudibonderie.
Paradoxe : les artistes, les acteurs, les chanteurs, les personnalités qui rayonnent aux quatre coins du monde, livrent de plus en plus aux médias, au public, les clés de leur intimité. Rihanna chante un penchant pour le SM, rien de tel qu’une bonne fessée. Mel B, ex Spice Girl (et Anglaise), raconte sa vie sexuelle à tout le monde, Lady Gaga opte pour un mélange des genres et des sexualités, le nombre de personnalités qui diffusent leurs sex tapes augmente tous les jours, le groupe Sexy Sushi raconte à foison leurs positions préférées et ne cache rien de leur goût pour la sodomie, les émotions à jouer une scène lesbienne de Nathalie Portman dans son prochain film ont monopolisé une bonne partie de l’Internet. Etc.
Dès qu’un comprime, un autre exprime. Comme si à chaque dérive dans un sens (trop de répression, trop de puritanisme) on trouve des excès inverses dans l’autre sens, pour garder une forme d’équilibre. Le yin et le yang, en quelque sorte.
A plus modeste échelle, le couple, on pourrait imaginer que dès que l’un s’endormirait sur sa sexualité (trop de soucis, trop de travail, trop de contraintes...) l’autre y penserait constamment, en parlerait tout autant, en réclamerait aussi. L’idée n’est pas de devenir obsessionnel(le), mais de garder l’Eros bien vivant, de maintenir un juste équilibre.
Et si on en revient au yin et au yang, tout élément mâle ayant une partie femelle et tout élément femelle ayant une partie mâle, ce peut être une piste à creuser pour toutes celles qui cherchent des forces pour continuer à s’affranchir en matière de sexe, comme ailleurs.

[gris]Sophie Bramly[/gris]

Commentaires (2)

  • Sarah

    En effet il y a de quoi trembler face à ce retour moraliste et machiste. Ne nous laissons pas endormir et ne laissons pas nos libertés se faire piétiner impunément.

  • Fred

    Sarah, le moralisme n’est malheureusement pas tout le temps machiste ce serait trop simple. J’ai plutôt l’intuition que le moralisme est parfois d’essence masculine, parfois d’essence féminine, parfois les deux en même temps, non ?...