Jeu de regards

Le 10/02/2011

Dans un jeu de regards croisés en exquise perversion, l’inconnu les enrobe, les berce d’illusions, dans la promiscuité d’une foule anonyme d’un Starbucks coffee, par un matin d’hiver.

Elle, ses mitaines de laine ne lui suffisent plus à réchauffer ses doigts, lui, il a du temps à perdre et des heures de sommeil en trop.

Elle, de sa bouche pulpeuse, passe commande, troublée par la présence si proche de cet homme qu’elle a tenté de détourner. Elle ne cherche, rien, ne tente rien et pourtant il est là à malmener sa peau en frissons délateurs de cette bien étrange attirance.

Elle ne le voit pas, ne l’entend pas, les écouteurs de son baladeur plantés dans ses oreilles, juste une présence née d’un jeu de regard complice.

Elle, dans sa tête résonnent des notes qui l’emportent loin d’ici, elle rêve. Lui ne voit que sa nuque, ne sent que l’odeur de sa peau. Elle s’écarte d’un pas gracieux, laisse sa place, l’embrasse d’un sourire, repousse la poursuite de son chemin, s’installe…

La suite… vous permettez… il l’a rejointe. Discrétion en séduction, elle s’est trompée, elle ne présente à ses yeux aucun intérêt, elle pose son attention ailleurs, plus loin, demain ou après demain.

Inutile de trainer, elle récupère son gobelet et s’évade !

Un pardon la retient, un excusez-moi la convainc… Elle stoppe sa fuite, l’inconnu ne l’as pas trahie.

— C’est mon café que vous avez pris

— Oh pardon !

Le feu empourpre ses joues ! Quelle idiote, elle qui croyait que ses talents de prédatrice avait fait mouche, voilà qu’elle s’échappe honte et confusion dans le regard.

Dans la rue, elle accélère le pas, s’isole dans sa tête au milieu de la foule pressée des matins boulot, elle ne vit plus, elle rêve !

Un banc isolé, dans un moment de grande solitude, elle serre le verre de carton entre ses doigts, en le fixant inconsciemment et bêtement. Le collier qui enserre le gobelet brulant se floute, un numéro de téléphone se détache nettement.

Quand elle rêve, elle ne vit pas, elle a envie de vivre, une envie de folie douce et spontanée.

0609…. Allo, elle reconnait sa voix, c’est lui, « c’est mon café que vous avez pris ». Stratagème perfide de tentation ! Au diable la morale et les inhibitions.

Allo, vivre, le rejoindre… au café… j’arrive ! Le verre de carton éclate sur le sol le café se répand, elle y voit un signe du destin, elle se raccroche à n’importe quoi pour oublier l’ennui de sa vie.

Il est là, il l’attend, la prend par la main, elle le suit, comme emportée par un mouvement vital, il la regarde, il lui sourit, un sourire blanc carnassier. Ils ne marchent plus, il pressent leur pas jusqu’à atteindre une allure de course. Une porte cochère, il la pousse, elle cède.

Elle, elle défait déjà son manteau, les boutons de son chemisier camouflant ses petits seins affolés de connaître leur proche destin. Cage d’escalier, le ceinturon n’est plus, la jupe dégringole, son souffle s’effiloche, son cœur d’arythmie gronde, sa bouche s’humidifie, de sa peau s’évapore une fièvre moite, de son sexe le feu de son désir.

Lui, il jubile de tant d’émoi, de l’empathique attraction qui les unit dans le désir avant même de s’être touché. Sous son caleçon, l’ébullition, de la raideur, le feu au ventre, guidé par une gourmandise carnassière de ces tétons effrontés qui narguent sa présence.

C’est demi nue qu’elle passe le seuil de la porte de cet atelier sous pente. La lumière au travers d’une lucarne leur renvoie le secret de la féminité, ces délicieuses courbes d’une croupe si cambrée qu’elle ne demande qu’à être sondée sans plus de civilité. Elle est là, haletante de se faire posséder, la rage au ventre de le troubler par les mouvances balanciers de ce cul pommé dont elle sait qu’il est irrésistible. Ce n’est plus une femme, mais une féline, une lionne torride et magnétique qui le détourne de ses douceurs pour une approche plus bestiale. Elle souhaiterait des caresses, mais c’est sa queue qu’elle réclame, fait montre de son calice, de sa fente complice comme une lionne en rut, afin qu’il s’y glisse sans tergiversation.

Résister, il ne peut, ses vêtements tombent au sol, rejoignent jupes, culottes et autres fioritures…

L’amour en pente douce, dans le fourreau inconnu il déclame sa flamme en des allées et venues proches d’un doux supplice tant il s’y sent serré.

Cette femme est diabolique.

Je m’appelle Mark, dit-il entre deux aller-retours érotiques entre ses reins. Elle gémit, elle se plaint, réclame plus de ferveur, plus d’audace, elle se traite de putain, sa putain, avant de réclamer plus d’ardeur et de fièvre. Son regard est sublime, tour à tour déclinant, lancinant, renvoyant des reflets dans le miroir glacé. Lui son regard oscille entre ce cul rebond exhalant le plus torride et le plus interdit de la féminité et ces yeux pernicieux injectés de luxure qui réclament en silence plaisir et volupté.

Dans les mêmes reflets de ce miroir complice, elle voit une femme aux pulsions animales se faire posséder, les lèvres entrouvertes, les yeux mi-clos, devine la pleine lune qui se fait malmener sous les assauts cadencés d’un mâle, doux tortionnaire de sa féminité. Sa jouissance déborde, dans un souffle, dans un cri, elle relâche la pose, son regard décline, elle contrôle son plaisir pour mieux surenchérir. Mais en mâle dominant, d’une puissante main dans sa crinière brune, il relève le défi, accentue la cambrure pour se perdre vigoureusement, dans un dernier coup de bassin au plus profond de son ventre. Leur jouissance explose, ils en sont aliénés.

Il possède encore son corps, mais elle, elle songe déjà que quand elle partira, c’est un bout de son cœur qu’encore elle laissera.

Pour avoir trop aimé, elle ne veut plus souffrir, elle préfère le plaisir à la désillusion, la brièveté d’un torride souvenir à l’incurable d’une maladie d’amour. Elle se love dans ses bras et pourtant, déjà, elle n’est plus là.

[gris]Mystérieuse[/gris]

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Commentaires (5)

  • Jean Jacques

    Trés jolie nouvelle, sensuelle et érotique

  • scorlyone

    superbe écriture qui laisse la place à l’imaginaire vous excite tendrement d’abord pour vous introduire dans un final ardent à la limite du bestial désir, sensas !

  • Anonyme

    c’est magnifique, je crois que c’est la première fois que le lis une nouvelle érotique avec tant de poésie. Je suis très touché physiquement et mentalement. Je félicite l’auteur. En plus j’aime cette façon de faire l’amour à la fois tendre et bestiale, sauvage et pudique en même temps. Merci pour vos mots.

  • MYSTÉRIEUSE

    Merci pour vos commentaires et vraiment heureuse que l’érotisme puisse vous toucher

  • CULeESwfiokHyY

    I’m not wotrhy to be in the same forum. ROTFL