Le troisième sexe existe en Inde

Le 22/04/2009

C’est un soir de pleine lune, au mois d’avril, dans le village de Koovagam (au sud de Madras) que se déroule la fête la plus étonnante d’Inde. Les hijras de tout le pays se réunissent pour revivre un épisode du Mahabharata (le livre sacré indien). La légende raconte qu’à la veille d’une bataille, le clan des Pandavas consulte un astrologue. Celui-ci leur assure la victoire contre le clan adverse si et seulement si « un homme parfait » est sacrifié. Trois candidats sont désignés pour mourir Krishna, Arjuna le chef des Pandavas ou Aravan. Les deux premiers étant trop importants, Aravan accepte de lui-même à condition qu’il célèbre un mariage la veille de sa mort. Ne trouvant pas de prétendante Krishna prend l’apparence d’une femme et décapite le jeune marié le lendemain. La fête dure deux jours, les hijras vivent un mariage symbolique légitimé par un prêtre hindou. Le cordon nuptial appelé thali est noué autour du cou de chaque « prétendante ».

Cette première étape étant franchie, elles déposent une offrande aux pieds des divinités pour s’abandonner ensuite aux chants et aux danses traditionnelles. Le lendemain, elles déambulent à nouveaux dans les rues pour crier et pleurer leur défunt mari. Cette caste occupe une place particulière dans la société indienne. Les hijras ne se considèrent ni homme ni femme. Elles sont organisées en communautés, les chelas (les disciples) sont sous l’autorité du guru souvent appelé « mama ». Si théoriquement leurs seuls revenus proviennent des bénédictions de mariages et de baptêmes…Il n’empêche que 80% de leur activité repose sur la prostitution ou la mendicité. Outre la vie en communauté, elles jouissent également du droit d’avoir des relations amoureuses avec des hommes mariés. La sexualité d’une hijra se limite à la jouissance passive puisqu’elles n’ont plus de sexe. Cette caste suscite la crainte parce qu’elles peuvent maudire une personne en exhibant leur sexe atrophié en pleine rue ou apporter la fécondité dans un foyer. Cette attraction et ce rejet est le reflet de l’ambiguïté de la société indienne souvent stéréotypée.